Retour 9 oct. 2024

A la découverte de l’atelier MIG avec Perrine Yabi

Jeudi 29 août, Perrine Yabi, gestionnaire financière et administrative au sein de l’unité intégration sociale à Louis-Casaï, nous a ouvert les portes de son atelier situé aux Grottes, l’Atelier MIG. Le nom de cet atelier de confection n’a pas été choisi au hasard, toutefois MIG ne fait pas seulement référence à migration comme on pourrait s’y attendre. Il s’agit de Made In Geneva, car toute la chaîne de production de cet atelier se situe à Genève.

Perrine, qu'est-ce que l’atelier MIG ?
L’atelier MIG propose plusieurs services de couture allant de quelques unités à de plus grands volumes. Couture, confection, retouches, formations, broderie… l’équipe effectue de nombreux travaux, que ce soit pour les entreprises ou pour les particuliers. Au sein de l’atelier, le savoir-faire est valorisé et l’accent est mis sur une production exclusivement locale, qui permet l'intégration à travers les compétences.

Perrine Yabi
Perrine Yabi


Comment est né le projet ? Comment as-tu eu l’idée d’ouvrir un atelier ?
Ce projet est né d’une idée de positionnement qui se voulait différent de tout ce qui faisait jusqu’à présent. Avec ma passion des textiles, mêlée à mon travail à l’Hospice général au sein de la migration et à ma sensibilité aux notions de production durable, je trouvais que les modèles d’atelier proposés ne permettaient pas une réelle intégration professionnelle. Ils permettaient surtout des formations, des stages, sans réel débouché sachant que les couturiers-ères exercent un travail de l’ombre d’une grande précarité sociale. Nous faisons appel à tant de personnes qui savent coudre… Mais combien d’entre elles en vivent dignement et sont reconnues comme de véritables professionnelles ?

« L’art textile est un langage créatif universel qui facilite l’intégration, crée de l’emploi et répond à un besoin socio-économique. »

Pourquoi du Made in Geneva ?
Après des années de délocalisation d'usines vers l'Asie, les façons de consommer changent et la tendance du "consommer local" semble provoquer le renouveau du secteur textile en Europe. A Genève, nous connaissons malheureusement une pénurie d’artisans textiles qualifiés et il est difficile de produire localement. En parallèle, tous les jours sur le terrain, je suis témoin de compétences et d’un savoir-faire en couture de personnes issues de la migration. J’ai souhaité valoriser ces compétences et ainsi créer un pont entre le savoir-faire et l’emploi.

Quelles sont les contraintes d’une production locale ?
Etant donné que toute la chaîne de production est située à Genève, nos travaux ont un certain coût. Le Made in Geneva n’est pas comparable avec d’autres ouvrages, et c’est ce que j’essaie de transmettre aux prospects. Il se produit alors un changement d’état d’esprit dans la tête du client. Celui-ci ne cherche plus à tout prix à rentabiliser et à réduire ses coûts, mais il soutient aussi une cause qui lui est chère : celle d’une production responsable socialement et écologiquement, respectueuse de ses ressources et de ses collaboratrices. 

L'atelier, situé aux Grottes
L'atelier, situé aux Grottes


Qu’est-ce qui t’anime dans cette activité, que tu fais en parallèle de ton travail de gestionnaire financière et administrative ?
C’est justement de pouvoir développer une structure socialement responsable, en proposant une production locale et en donnant naissance à des projets à impact social et écologique, tout en favorisant l’intégration des personnes migrantes. J’affectionne aussi beaucoup le côté entrepreneurial, car tout est à définir, créer et inventer. Ce n’est pas tous les jours facile, mais on essaie, cela marche, on échoue, on se relève, on apprend de ses erreurs… c’est très enrichissant ! Finalement, à travers ce projet, j’espère aussi contribuer à changer les discours qu’on entend autour de la migration et ce point est très cher à mes yeux.

« La collaboration avec Serie K m’a paru toute naturelle. Le but était d’unir nos forces, nos idées, nos cerveaux et de mutualiser notre réseau. Je suis persuadée que toute seule, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin. »

Comment se compose l’équipe ? As-tu engagé des personnes récemment ? 
L’équipe est en constante évolution. L’alliance Serie K x atelier MIG est actuellement composée de 3 personnes : Anouk, Marianne et moi. L’atelier MIG emploie aujourd'hui une salariée fixe et nous espérons décrocher de nouveaux mandats en 2025 pour pouvoir engager de manière fixe davantage de professionnels en couture issus de la migration. Le potentiel d’un atelier de couture et confection textiles est immense, nous espérons gagner en visibilité et développer une clientèle pour qui le Made in Geneva n’a pas encore été conscientisé. Cela prend du temps, mais nous sommes confiantes. Notre atelier est prêt et fonctionnel et notre équipe est professionnelle et motivée.

De gauche à droite : Marianne, Perrine, Ines et Anouk
De gauche à droite : Marianne, Perrine, Ines et Anouk


Quels projets pour la suite ?
Notre grand projet du moment est un crowdfunding qui est ouvert jusqu’au 16 octobre. Nous avons besoin de soutien pour franchir une nouvelle étape et transformer notre atelier de couture en un espace où professionnalisme, qualité et bien-être sont réunis. Nous souhaitons optimiser notre atelier afin de proposer plus de services à notre communauté et aux entreprises locales, offrir les meilleures conditions de travail à nos couturiers-ères, avec tout le matériel nécessaire pour garantir un environnement de travail confortable, efficace et sain. En échange de votre soutien, nous proposons de magnifiques contreparties. Chaque contribution nous rapproche de cet objectif !

Vous souhaitez soutenir Perrine et son équipe ? Cliquez sur le lien suivant :

https://www.sig-impact.ch/projets/seriekxmig/Soutenir le projet

 

Atelier MIG