« Nous vivons une période paradoxale : le bâtiment est confronté à une pénurie de talents alors qu’une partie de la population est exclue du marché du travail. » Ce constat fait par le coordinateur de Réalise Jérôme Despont est à la base de la nouvelle mesure Manœuvre ta relève mise sur pied cette année grâce à un partenariat entre l’entreprise de formation, la Société suisse des entrepreneurs (SSE), l’Hospice général, la Fédération genevoise des métiers du bâtiment (FMB) et de nombreuses entreprises du bâtiment ; elle vise à former, en quatre mois, des personnes à l’aide sociale ou issues de la migration, pour les initier au métier de manœuvre.
Le projet pilote Manœuvre ta relève présente un double avantage : il permet à des personnes peu ou pas qualifiées de retrouver une place sur le marché de l’emploi et aux entreprises du gros œuvre, qui font face à une pénurie de main-d'œuvre, de recruter des travailleurs formés et motivés. La deuxième volée a démarré cet été après que la première, composée de 12 candidats, a terminé sa formation, avec un bon résultat : la moitié d’entre eux a déjà trouvé un emploi.
Intérêts partagés
Pour l’Hg, cette formation spécifique pour la construction en partenariat avec le secteur privé est très intéressante car elle offre une opportunité à des bénéficiaires sans qualification. De plus, les candidats sont formés au plus près des besoins des entreprises et ceux-ci sont importants : « d’ici cinq à dix ans, la branche va enregistrer de nombreux départs à la retraite », confirme David Richard, président de l’Institut de formation de la construction.
Cette mesure de formation par la pratique en partenariat avec le secteur de la construction comble également un manque dans le recrutement. Il permet à l’industrie du bâtiment d’engager plus largement que via des filières standards en faisant appel à d’autres profils. A plus long terme, l’avantage est également dans la possibilité de faire évoluer les personnes qui suivront cette filière : « la construction a un spectre de métiers tellement vaste et de si nombreuses possibilités de formation qu’on peut parfaitement entrer dans le secteur comme manœuvre, puis devenir maçon ou contre-maître., selon David Richard.
