Retour 22 juin 2022

Interview croisée avec Aurélie, animatrice au CAD, et son papa, Pierre

Aurélie Epiney travaille en tant qu’animatrice au centre d’animations pour retraités (CAD) depuis plusieurs années. Elle s’occupait auparavant d’enfants, mais apprécie beaucoup la population dont elle s’occupe aujourd’hui.

Pierre Epiney est un jeune retraité. Travailleur social, il a été directeur d’une structure en lien avec des personnes présentant un handicap mental, chef de groupe au service de la protection des mineurs (SPMi) ou encore conseiller social dans un cycle d’orientation. Papa d’Aurélie, il a créé un lien fort avec le CAD et en est devenu un acteur occasionnel. Il a ainsi, par exemple, activement participé au forum « Génération » organisé par le CAD en octobre 2019.


Quel est votre lien au CAD ?
AE :
Un engagement qui dure depuis quatorze ans ! J’aime beaucoup la tranche d’âge que l’on appelle « senior », où tout se redessine. Les personnes ont acquis une sacrée expérience tout au long de leur vie, notamment dans leur carrière. Aujourd’hui, elles se demandent : « tout ce bagage, j’en fais quoi ? ». C’est la quête d’un nouvel équilibre.

PE : Sans Aurélie je ne serais probablement jamais venu au CAD car je suis quelqu’un qui m’occupe plutôt seul, en faisant de la rando par exemple. Cependant, à force de m’y rendre pour des événements, les membres de l’équipe sont devenus de véritables amis. Et je suis vraiment en phase avec le travail de ma fille : parmi mes 5 enfants c’est la seule qui a choisi de travailler dans le domaine social.


Quel est votre meilleur souvenir ?
PE :
J’ai beaucoup aimé toutes les grandes fêtes auxquelles j’ai participé, ou encore un formidable tournoi de pétanque.

AE : Comme mon père, j’aime beaucoup les grandes fêtes, comme celle que nous avions organisée il y a quelques années sur 4 jours, intitulée « l’Automne en feu », des portes ouvertes pour faire découvrir le CAD avec des stands tenus par des seniors.

Plus récemment, j’ai été marquée par le Forum génération que nous avons conçu en partenariat avec le réseau du monde des seniors. L’idée était de mettre des ateliers en place pour réfléchir sur les principaux thèmes qui préoccupent les jeunes retraités, les baby-boomers ! Ceux-ci s’interrogent en effet beaucoup sur des notions existentielles, comme leur rapport à la mort, ou encore leur droit d’exister. Nous devons être là pour leur offrir un cadre dans leurs questionnements.

Le pire ?
AE :
Je n’ai pas de souvenir terrible en tête… Une situation qui peut parfois être difficile pour moi, c’est lorsqu’un senior arrive avec ses problèmes en cherchant une réponse toute faite, sans ébauche de solution constructive de son côté.

PE : Franchement, il n’y en a pas. Ici, je me sens apprécié et même si je n’y viens pas si souvent, j’ai l’impression d’être chez moi. Il y a quelque chose de simple et lumineux dans cet accueil.

Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous au CAD de demain ?
PE :
Rien ! Je souhaite qu’il puisse continuer ainsi, que l’ambiance de l’équipe perdure. On sent qu’il y a beaucoup de liens entre eux et avec les seniors. J’ai été admiratif durant la période du COVID-19, de voir les collaborateurs téléphoner régulièrement pour garder le contact avec les personnes âgées. On sentait que ça n’était pas uniquement professionnel, mais qu’il était important pour eux de maintenir ce lien, fort et réciproque, qui existe entre tous les acteurs du CAD.

AE : Le Forum génération a ouvert des pistes passionnantes… Avec notre équipe, nous rêvons de devenir une plateforme de réflexions sur le sens que certains retraités cherchent dans cette nouvelle étape de leur vie. Chez nous, nous aimerions qu’ils puissent se nourrir intellectuellement, créer des liens entre eux.

Bien sûr, il y a toujours des seniors qui apprécient notre offre d’activités et nous resterons toujours là pour cette demande, mais nous percevons actuellement que les baby-boomers ont des attentes très différentes. Il ne faut pas oublier qu’ils ont participé dans leur jeunesse à une rupture de société ! Leur façon d’occuper l’espace public est bien plus affirmée que celle de leurs parents. Or nous devons également nous adapter à eux, leur proposer une autre offre, ou peut-être juste une structure pour qu’ils puissent continuer à se développer et à être partie prenante de leur bonheur.

Aurélie et son papa Pierre