Le 5 septembre une soixantaine de femmes résidant dans 3 centres d’hébergement collectif sont allées aux bains de Cressy, privatisés pour l’occasion. Un moment de détente… mais aussi beaucoup plus, comme nous le raconte Nadège, assistante sociale et principale organisatrice de cet événement.
Elles n’ont pas ou peu la notion de « prendre du temps pour soi »
se consacrant en premier lieu à leur rôle d’épouse et de mère
” Nous avons développé divers espaces de parole destinés aux femmes avec une médiatrice culturelle et une gynécologue, toutes deux bénévoles. Lors de ces rencontres, il est notamment ressorti qu’elles n’ont pas ou peu la notion de « prendre du temps pour soi » se consacrant en premier lieu à leur rôle d’épouse et de mère et à l’apprentissage de la langue. Avec leurs parcours de vie et vécu traumatique, il est important que ces femmes migrantes puissent aussi avoir des espaces de respiration. Elles ont toutes unanimement exprimé la difficulté pour elles d’accéder à des lieux de baignade et de relaxation pour des raisons diverses et variées. Culturellement, il n’est pas courant de se baigner en présence d’hommes. Certaines sont peu à l’aise dans leur corps, ou ont peur du jugement sur leur tenue vestimentaire (burkini ou autre).
Suite à ce constat, nous avons pris contact avec M. Da Roxa, directeur de Cressy santé, afin de trouver une activité relaxante et adaptée qui a pu se concrétiser ce samedi 5 septembre. Il y avait une soixantaine de femmes venues de 3 foyers différents (Bois-de-Bay, Lancy et Seymaz). Parmi les nationalités représentées il y avait des femmes de Syrie, d’Iran, d’Afghanistan, de Turquie, d’Erythrée, du Congo, du Nigéria, d’Irak etc. Il y avait aussi quelques femmes bénéficiaires de l’aide sociale hébergées dans les foyers de l’Hospice général.
J’ai été très émue de voir ces visages s’ouvrir, ces femmes d’habitude
si préoccupées redevenir des enfants quelques heures durant
Personnellement, ce fut l’un des moments forts de ma vie professionnelle. J’ai été très émue de voir ces visages s’ouvrir, ces femmes d’habitude si préoccupées redevenir des enfants quelques heures durant. Une jeune femme a voulu mettre la tête sous l’eau pour la première fois, certaines ont tenté de nager pour la première fois. Toutes ont pu passer un moment privilégié qu’elles ont grandement apprécié. La découverte du sauna, du hammam, du bassin d’eau froide, des jets et des jacuzzis leur ont permis d’oublier leur quotidien difficile, et de passer du temps entre pairs, sans être sollicitées par enfants et maris. Elles sont toutes désireuses de renouveler l’expérience, et moi aussi, car ces moments sont si rares mais pourtant si importants.“
Nadège Gillieron, assistante sociale au centre d’hébergement du Bois-de-Bay