Tous les chemins mènent-ils au social? En cette journée international du travail social, c’est la question que nous nous sommes posée. Pour y répondre, nous avons rencontré Valérie Davidoff, assistante sociale en intervention collective (ASIC) pour le centre d’hébergement collectif de la Seymaz.
Après des études d’anthropologie, Valérie passe presque dix ans au service de Médecins sans frontières (MSF). Parmi ses multiples casquettes, elle occupe celles-ci : promouvoir la santé, ainsi que prendre en considération la culture et le contexte locaux pour optimiser l’efficacité des interventions de l’organisation humanitaire.
Ses compétences lui servent à plusieurs reprises, comme lorsqu’en Afghanistan, une équipe de MSF découvre une augmentation significative de consommation d’antibiotiques et une surfréquentation de leurs structures de santé parmi les femmes. Outre les coutumes médicales locales très orientées vers ce type de traitement, la raison de cette surmédication reste mystérieuse. En passant du temps dans les salles d’attente et en discutant avec ces femmes, Valérie découvre alors que c’est l’une de leur seule manière de s’échapper de chez elles, de se retrouver pour discuter, voire même de faire quelques courses au marché d’â côté, l’attente pour voir un médecin étant souvent longue.
Se décentrer pour mieux s’ouvrir à l’autre
« Dans mon expérience humanitaire comme dans celle d’ASIC, des compétences finalement assez similaires sont requises. Outre l’adaptabilité et la flexibilité, l’ouverture à l’autre est un élément essentiel », explique Valérie. Se décentrer pour mieux comprendre l’autre, un réflexe capital que sa formation d’anthropologue lui a permis d’appréhender !
C’est aussi cette position qu’elle cherche à adopter le plus systématiquement dans son métier à l’Hospice général. Par exemple, lorsque le COVID débarque en Suisse et à la Seymaz ouvert depuis à peine deux mois, la crainte de clusters dans les centres d’hébergement est forte. Les équipes d’ASIC sont mobilisées pour rappeler aux migrant·es les consignes de confinement inhérentes à ce virus alors inconnu. « Habitué·es à l’isolement total lors de périodes de conflits, les résident·es se sont littéralement terré·s chez eux·elles ! Notre rôle a finalement été inversé : nous avons dû les encourager à sortir pour prendre l’air », remarque Valérie.
Des projets qui répondent aux besoins des migrant·es
Depuis la réorganisation de l’aide aux migrants en automne 2021, il y a davantage d’ASIC dans les centres. « Nous sommes maintenant une trentaine et nous nous rencontrons tous les 3 mois notamment pour aborder des possibilités de projets communs », explique Valérie. Elle insiste sur un point: « même si on a une tendance naturelle à faire l’inverse, ce qui est important, c’est de partir des besoins des résident·es pour ensuite construire des projets avec différents partenaires. »