Des compétences intellectuelles au-dessus de la moyenne, une santé mentale fragile, des études universitaires inachevées et une absence d’expérience professionnelle ? Un cocktail qui a amené Valentine à recourir à l’aide sociale en 2023. On la retrouve, quelques mois après une première rencontre, resplendissante, au FacLab de l’Université de Genève* où la startup Lesa. teliers est en résidence. Elle est accompagnée de Gaëtan Van Beek, directeur de la startup, et de Caroline Vuillaume, assistante sociale à l’Hospice général qui effectue son suivi.
Valentine, comment êtes-vous arrivée ici ?
Valentine : « Mon assistante sociale m’a orientée vers la Fondation IPT qui concentre son activité sur l’insertion, la réinsertion et l’orientation, notamment des jeunes. Compte tenu de ma passion pour les jeux vidéo, la fondation m’a proposé de faire un stage à l’association Lesa.ateliers qui avait été mandatée par le Musée d’art et d’histoire de Genève pour élaborer un escape game se déroulant dans une reproduction virtuelle du bâtiment créée au sein du jeu Minecraft**. »
Pouvez-vous m’en dire plus sur cet escape game ?
Gaëtan : « A l’origine, j’étais travailleur social. Aujourd’hui, je suis indépendant et j’intègre les jeux vidéos dans mon travail auprès des jeunes en décrochage scolaire ou en recherche d’emploi, car c’est un langage qui leur parle. Minecraft est un puissant outil pédagogique : il permet d’acquérir une palette de compétences liées à l’architecture et à la programmation informatique. Chaque projet est porté par une quinzaine de jeunes, ce qui leur demande de s’organiser et de travailler en équipe. Lorsque Valentine m’a raconté, qu’adolescente, elle avait publié un roman, je lui ai tout naturellement confié l’écriture du scénario de l’escape game. »
Valentine : « C’est une expérience que j’ai beaucoup aimée. J’étais en contact avec les guides du musée qui nous ont très bien accueillis et c’était passionnant. »
Gaëtan : « Le groupe de jeunes était si soudé qu’à la suite de cette expérience au Musée, ils ont fondé une association, Lesa.ssociés. Trois d’entre eux, dont Valentine, sont aujourd’hui actifs ici dans le cadre de la résidence de mon entreprise à FacLab. J’ai mis en place, avec leur collaboration, un environnement qui accueille avec bienveillance leurs fragilités. »
"La philosophie de la nouvelle loi sur l’aide sociale et la précarité (LASLP) est très claire : c’est le cadre qui doit s’adapter au bénéficiaire et non l’inverse."
Valentine : « Je sais qu’un stage a une durée limitée dans le temps, mais je souhaite vraiment travailler ici jusqu’à la fin de l’année. Je m’y sens très bien et cela me permet d’acquérir de l’expérience professionnelle.»
Caroline : « Il faut mettre toutes les chances de votre côté. Nous trouverons une solution pour que vous puissiez poursuivre votre travail ici. La philosophie de la nouvelle loi sur l’aide sociale et la précarité (LASLP) est très claire : c’est le cadre qui doit s’adapter au bénéficiaire et non l’inverse. »
Valentine, en quoi consiste votre activité au FacLab ?
Valentine : « J’ai un cahier des charges d’assistante de direction ; Gaëtan m’a également confié la rédaction et la réalisation d’une newsletter. J’ai aussi la possibilité d’exercer mes compétences de community manager sur les réseaux sociaux*** et de faire de la modération numérique lorsque Gaëtan donne des formations. Le champ de mes activités est donc vaste ! »
Caroline : « Je suis très contente car nous avons attendu que vous soyez « prête » pour vous adresser à la Fondation IPT, c’est une structure qui a toute notre confiance et vous avez parcouru un sacré chemin depuis notre première rencontre. »
Entretien réalisé le 13 février 2024
*Le FacLab a pour objectif de placer la fabrication, au sens large, au cœur de l'université. En particulier autour de ses trois missions que sont la recherche, l'enseignement et le service à la Cité.
**Minecraft est un jeu vidéo d’aventure qui permet de reproduire un environnement réel ou imaginaire à l’aide de blocs.
***@lesa.teliers sur Instagram et TikTok.
Photo 1, de gauche à droite : Caroline Vuillaume, Valentine et Gaëtan Van Beek.
