L’unité formations de base (UFB) accueille, au centre de formation et de développement (CEFED) de l’Hospice général, quelque 550 personnes par session pour des cours de français. Qui sont-elles ? Il y a les primo-arrivants, soit toutes les personnes issues du domaine de l’asile qui viennent d’arriver à Genève, les bénéficiaires de l’Action sociale qui ont besoin d’améliorer leur niveau linguistique et des personnes qui, en raison de leur âge ou de leur état de santé, rencontrent des difficultés d’apprentissage. Parmi elles, il y a des seniors pour lesquels l’UFB a ouvert des classes en septembre 2023. Avant de nous rendre en classe, nous rencontrons la responsable de l’UFB, Françoise Bergeret qui nous fait un petit topo sur la question.
Depuis quand existent ces classes réservées aux seniors ?
Françoise Bergeret (F.B.) : "Auparavant, seule la Croix-Rouge genevoise avait une offre de cours de français réservés aux seniors les plus fragiles ; nous nous sommes rendu compte que la demande était plus forte que l’offre. Aujourd’hui, nous sommes sur un projet pilote avec trois classes de seniors, soit au total presque une quarantaine de personnes qui suivent deux cours de deux heures par semaine."
Quel est l’objectif de ces cours ?
F.B. : "Le but est que les participants acquièrent des bases langagières pour disposer de davantage d’autonomie dans leur quotidien. Mais ces cours sont surtout une opportunité de sortir de chez eux et de rencontrer du monde. L’isolement et la difficulté de communiquer en français sont étroitement liés, c’est pourquoi l’apprentissage de la langue, malgré les difficultés d’apprentissage auxquelles ces personnes doivent faire face, est primordial. La pause café pour cela est précieuse ! Nous voyons qu’elles sont heureuses de venir et le taux de présence est d’ailleurs excellent. L’idée est donc de les encourager et de les valoriser."
Comment avez-vous élaboré ces cours ?
F.B. : "Nous sommes partis d’une page blanche que nous faisons évoluer. Je dois dire d’emblée que nous avons trouvé LE FORMATEUR IDEAL ! Il faut en effet avoir une patience infinie, s’impliquer tout en sachant garder de la distance et ne pas avoir d’attentes. C’est le cas de Philippe, qui est lui-même senior et a acquis une longue expérience, notamment au sein de l’association Lire et écrire."
L’âge constitue-t-il un frein majeur pour apprendre une langue ?
F.B. : "Non, pas forcément, mais les personnes qui suivent ces cours cumulent les difficultés avec notamment de gros problèmes de santé. Elles nous sont généralement adressées par les assistants sociaux. Angélique Frossard de Saugy-Bounab, qui est en charge des évaluations et orientations à l’UFB, les reçoit pour une évaluation et les orientent vers ces classes qu’elles peuvent intégrer en cours de route. Il y règne généralement une excellente ambiance avec beaucoup d’entraide et de respect."
En immersion dans la classe
Ils et elles sont là assises en demi-cercle, souriants. Ils et elles viennent de Syrie, d’Afghanistan, d’Egypte, d’Irak ou de Turquie. Syed Jahangir et Habiba sont assis tout près l’un de l’autre. Un couple ? Ils se tiendront la main lorsqu’ils seront amenés à se déplacer au centre de la classe.
Toute occasion est bonne pour pratiquer le français et Philippe leur demande de se présenter : « prénom, nom, âge, pays d’origine et nombre d’enfants ». Egyptien, Sayed donne volontiers un coup de main à ses collègues en faisant office de facilitateur. « Neuf… non sept enfants… quatre garçons et deux filles ! » Le compte n’y est pas ! Toute la classe s’exclame et rigole.
On se consacre ensuite à savoir dire et comprendre où on se trouve. Philippe place une chaise au milieu de la salle, puis la télécommande sur la chaise, une bouteille sous la chaise, puis il demande aux élèves de se placer devant, derrière, à côté, à gauche, à droite... La situation se complique !
Philippe alterne les exercices, le temps file et c’est déjà la fin du cours. Il se termine avec un rituel, une chanson que les participants ont bien assimilée. Leur plaisir d’être là est évident de bout en bout.