Retour 5 mars 2024

La persévérance des Pervenches

La météo est particulièrement douce en cette après-midi de février. Nous nous installons à la terrasse de la Brasserie des Tours, un café prisé des Carougeois-es, pour profiter d’un soleil presque printanier. Elles et ils sont nombreux à avoir fait le déplacement pour parler de leur implication dans l’association : il y a Nelson, fondateur de Pervenches, Mohamed, Roxane et Cecilia qui sont tous les trois travailleurs sociaux au sein de notre institution, et quatre jeunes réfugiés et requérants d’asile d’origine afghane : Laiqshah, Abdulbashir, Ramazan et Monibullah.

 

à la Brasserie des Tours
La fine équipe


Pourquoi « Pervenches » ?
L’association a récemment fêté ses 10 ans d’existence. Avec un groupe d’amis du collège, Nelson fonde en effet Pervenches en 2013, après avoir obtenu sa maturité. Mais pourquoi ce nom ? «Tout le monde nous pose cette question. Il y a deux raisons à ce choix : on a débuté nos activités dans les locaux de l’école primaire Pervenches et il s’agit d’une plante vivace, presque féroce, dont on a du mal à se débarrasser… comme nous !» répond-il en souriant.

Une intégration par le sport
Les premières années, la plupart des participants entendent parler de l’association par les travailleurs sociaux hors mur (TSHM) de la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle (FASe). C’est un lieu de rencontre, un repère. 

Après le confinement de 2020, Nelson s’engage bénévolement auprès de la Croix-Rouge pour l’aide aux devoirs. Il fait alors la connaissance de plusieurs jeunes accompagnés par nos services. En discutant avec eux, il réalise que ceux-ci ont peu de loisirs en dehors de l’école et des animations organisées par les structures dans lesquelles ils sont hébergés. Il leur propose de participer aux activités de l’association située à Carouge : basket, volley, futsal, escalade, yoga … Les jeunes ont l’embarras du choix. Et cerise sur le gâteau : les cours sont gratuits et sans inscription. Beaucoup pratiquent d’ailleurs plusieurs de ces sports. Ramazan par exemple : «Je fais du basket, du foot et je vais à la piscine » nous raconte le jeune homme les yeux rieurs. «Moi je fais du volley et du basket avec l’association. Et je fais aussi du cricket.» renchérit Monibullah, le plus jeune de la bande, âgé d’à peine 17 ans.

Au fil du temps, les jeunes se passent le mot et sont de plus en plus nombreux à se rendre aux entraînements de Pervenches. Le succès est tel qu’une convention est élaborée entre l’association, notre institution et la protection de l’enfance. Elle est signée en 2023. Aujourd’hui, environ 70 bénéficiaires sont concernés. Parmi eux, de plus en plus de jeunes femmes. «Depuis peu, un entraînement de volley est dédié uniquement à cette population. Il est fréquenté par des femmes de Turquie, du Turkménistan, du Kurdistan mais aussi quelques Ukrainiennes.» déclare fièrement Nelson. «Cela dit, si elles rassemblent un public plutôt jeune, la grande majorité des activités que nous proposons est ouverte à tout le monde. C’est en particulier le cas du yoga qui réunit une population intergénérationnelle.» poursuit-il.
 

Au premier plan de gauche à droite : Abdulbashir et Laiqshah A l'arrière-plan de gauche à droite : Ramazan et Monibullah
Au premier plan de gauche à droite : Abdulbashir et Laiqshah ; à l'arrière-plan de gauche à droite : Ramazan et Monibullah



Au-delà du sport : la formation
Lors de l’étape carougeoise de la Street Youth League – un tournoi de foot de rue –, les jeunes de Pervenches ont animé un stand générateur de bonne humeur : une cible géante à atteindre avec un ballon de foot. 

Cet été, en pleine canicule, les Pervenchois ont par ailleurs donné un coup de main à la Ville de la Carouge et la FasE, pour la manifestation Tour de plage. Les jeunes ont par exemple distribué des glaces à l’eau – leur idée – aux passant-es et aux participant-es. Parmi eux, figuraient justement Laiqshah, Abdulbashir et Ramazan.

«Ils acquièrent ainsi une petite expérience professionnelle.» souligne Nelson. Et comme ils sont sous contrat AdR (activité de réinsertion) ou AUC (activité d’utilité communautaire) avec l’Hospice général, ils sont rémunérés. « C’est comme de l’argent de poche, un complément financier pour ce qu’on pourrait comparer à un job d’étudiant. » ajoutent Roxane et Cecilia. Mohamed complète : «A la suite de ce type d’événements, on leur délivre une attestation. Cela peut jouer un rôle non négligeable quand ils présentent leur dossier pour l’obtention d’un permis ou postulent à un apprentissage.» 

Jeunesse et sport, un projet d’avenir
Des projets, Nelson en a encore plein la tête. A l’avenir, il prévoit de se former pour devenir moniteur agréé jeunesse et sport (J+S). Son papier une fois en poche, il sera ainsi habilité à former lui-même les jeunes bénéficiaires, leur permettant d’acquérir à leur tour un diplôme. Un cercle vertueux !
 

De gauche à droite : Nelson, Roxane, Cecilia et Mohamed
De gauche à droite : Nelson, Roxane, Cecilia et Mohamed


 

La fine équipe