Retour 11 févr. 2021

La migration expliquée aux jeunes

Présentée en 2019 dans le cadre du FIFDH (Festival du film et Forum international sur les droits humains), l'exposition photo Etre et avoir a été réalisée par Thierry Dana avec des personnes migrantes accompagnées par notre institution. 

Elle aborde les thématiques de la mémoire, de la migration et de l'exil en dévoilant les objets que ces personnes ont réussi à emporter en quittant leur pays. A l’origine objets du quotidien, ils constituent un des seuls liens avec leur vie d’avant.

L'exposition devait être montrée au printemps 2020 puis 2021 dans les cycles d'orientation genevois mais la crise sanitaire en a décidé autrement.

Fin 2020 – dans le respect des mesures sanitaires en vigueur à ce moment-là –, il a toutefois été possible de présenter l'exposition à une classe du cycle de la Golette, dans le quartier de Meyrin. Les élèves âgés entre 13 et 14 ans ont ainsi pu découvrir une vingtaine d’images et discuter avec différents intervenants : le photographe et deux représentants de notre institution.

Le bracelet de Hassan
Légende de la photo : C'est le cadeau que m'a donné ma copine éthiopienne. C'est aussi le seul bien qu'il me reste après ma traversée de la Méditerranée. C'était horrible et j'en rêve encore souvent la nuit. (Hassan, Erythréen, 26 ans)

 

D’abord un peu intimidés, les élèves sont peu à peu sortis de leur réserve. A l'image de David, nombreux sont ceux qui ont été marqués par l’histoire du bracelet de Hassan : « Ce bracelet, c’est un objet banal devenu très précieux. » explique l'adolescent. « C’est un mélange de bons et de mauvais souvenirs. » ajoute son camarade Malik.

Le chapeau de Gulbanu
Légende de la photo : Mon doppa a d'abord appartenu à ma grand mère puis à ma mère et maintenant il est à moi. Je l'ai reçu à l'école primaire quand je suis devenue une femme. En plus d'être mon héritage familial, c'est un porte-bonheur qui me permet d'avoir un cœur magnifique. (Gulbanu, Ouïghoure, 21 ans)

 

Si elles ne devaient retenir qu’un témoignage, Mia et Diarra, choisiraient quant à elles le doppa, ce chapeau traditionnel ouïghour. Toutes deux soulignent l’histoire de ce couvre-chef transmis en héritage et s’interrogent sur la répression de cette minorité en Chine.

La croix de Mebrahtu
Légende de la photo : Mon ami berger m’a offert cette croix pour faire le voyage. A Misrata (Lybie), j’ai été mis en prison, on m’a souvent battu et plusieurs fois on me l’a enlevée. J’ai toujours réussi à la récupérer car, sans elle, il n’y a pas de vie. (Mebrahtu, Erythréen, 20 ans)

 

Et s’ils étaient eux-mêmes contraints à l’exil, quel objet emporteraient-ils ? L'une des élèves répond sans hésiter : « Mon téléphone, pour appeler mon petit frère ».

Frank, intendant social dans un des centres d'hébergement pour personnes migrantes à Genève, abonde : « Plus qu’un objet symbolique, le téléphone est devenu un outil indispensable aux personnes migrantes. Il leur permet de garder contact avec leur famille, de se repérer, de s’informer sur les dangers et les chemins à emprunter. C’est une sorte de couteau suisse. »

Un moment d’échange important pour informer la jeune génération et qui leur permet d’aborder la question plus générale de la migration et de l’exil.

Trois élèves devant l'exposition "Etre et avoir"
Plusieurs élèves découvrent l'exposition "Etre et avoir"
Diarra devant le doppa de Gulbanu
Victoria devant la croix de Mebrahtu
Un collaborateur de l'Hospice général et le photographe en pleine discussion
De gauche à droite : le photographe, l'enseignante de géographie et un collaborateur de l'Hospice général