Présentée en 2019 dans le cadre du FIFDH (Festival du film et Forum international sur les droits humains), l'exposition photo Etre et avoir a été réalisée par Thierry Dana avec des personnes migrantes accompagnées par notre institution.
Elle aborde les thématiques de la mémoire, de la migration et de l'exil en dévoilant les objets que ces personnes ont réussi à emporter en quittant leur pays. A l’origine objets du quotidien, ils constituent un des seuls liens avec leur vie d’avant.
L'exposition devait être montrée au printemps 2020 puis 2021 dans les cycles d'orientation genevois mais la crise sanitaire en a décidé autrement.
Fin 2020 – dans le respect des mesures sanitaires en vigueur à ce moment-là –, il a toutefois été possible de présenter l'exposition à une classe du cycle de la Golette, dans le quartier de Meyrin. Les élèves âgés entre 13 et 14 ans ont ainsi pu découvrir une vingtaine d’images et discuter avec différents intervenants : le photographe et deux représentants de notre institution.
D’abord un peu intimidés, les élèves sont peu à peu sortis de leur réserve. A l'image de David, nombreux sont ceux qui ont été marqués par l’histoire du bracelet de Hassan : « Ce bracelet, c’est un objet banal devenu très précieux. » explique l'adolescent. « C’est un mélange de bons et de mauvais souvenirs. » ajoute son camarade Malik.
Si elles ne devaient retenir qu’un témoignage, Mia et Diarra, choisiraient quant à elles le doppa, ce chapeau traditionnel ouïghour. Toutes deux soulignent l’histoire de ce couvre-chef transmis en héritage et s’interrogent sur la répression de cette minorité en Chine.
Et s’ils étaient eux-mêmes contraints à l’exil, quel objet emporteraient-ils ? L'une des élèves répond sans hésiter : « Mon téléphone, pour appeler mon petit frère ».
Frank, intendant social dans un des centres d'hébergement pour personnes migrantes à Genève, abonde : « Plus qu’un objet symbolique, le téléphone est devenu un outil indispensable aux personnes migrantes. Il leur permet de garder contact avec leur famille, de se repérer, de s’informer sur les dangers et les chemins à emprunter. C’est une sorte de couteau suisse. »
Un moment d’échange important pour informer la jeune génération et qui leur permet d’aborder la question plus générale de la migration et de l’exil.