Les étudiants en Bachelor d’architecture d’intérieur de la Haute Ecole d’art et de design (HEAD) ont investi les lieux du centre des Tattes afin de proposer un nouvel éclairage sur l’aménagement des espaces. Dans le cadre d’un atelier intitulé « Habiter l’attente », leurs réflexions ont mené à six projets qu’ils sont venus présenter devant résidents et collaborateurs lundi 18 juin aux Tattes. L’occasion également d’inaugurer une installation aussi insolite qu’énigmatique ; l’Îl’eau Tattes. Retour sur une collaboration à la fois enrichissante et originale.
A l’origine du projet, Anne-Laure Gestering, professeure d’architecture à la HEAD :
« Au moment de planifier l’exercice du semestre 2018 pour mes élèves, j’ai contacté l’Hospice général pour savoir s’il y avait des thèmes qui étaient susceptibles de les intéresser pour une future collaboration. C’est là qu’on m’a parlée de certains aménagements qui étaient en train d’être réalisés au Centre des Tattes ».
Gabriel Phelippeau, responsable d’unité au Centre des Tattes, et Suzana Lopez, ont tous deux supervisé la collaboration et accueilli les étudiants dans le centre pendant trois semaines. Là, les étudiants ont cherché à comprendre la dynamique et l’ambiance de l’endroit et à aller à la rencontre de ses habitants.
« Les étudiants ont analysé la situation, ont beaucoup écouté les résidents des Tattes avant d'imaginer des solutions qui pourraient leur convenir. Il était clair dès le début que si les résidents étaient partie prenante de l'enquête il fallait également qu'il y ait une restitution pour eux » raconte Gabriel Phelippeau.
Rapidement, les thèmes de l’accueil, de la convivialité et de l’intimité ont émergé de manière forte. Il fallait ensuite les appréhender sous le prisme de la spatialité. Une réflexion sur l’attente a aussi été effectuée. Notamment celle à laquelle sont contraints certains demandeurs d’asile ; l’attente d’un logement, d’un travail ou d’un permis. Là réside toute la question des espaces de vie transitoires, comment se les approprie-t-on ? Comment les transforme-t-on en « chez soi » dans l’attente d’un foyer fixe ?
En complément aux 6 projets proposés par les étudiants de dernière année, les 2ème années sont venus révéler le potentiel de la cour afin de la rendre plus attractive. Ainsi l’Îl’eau Tattes, une installation rafraichissante, ludique et colorée, a rapidement trouvé son public auprès des enfants !
Le semestre des étudiants s’est conclu au Centre des Tattes, dans le lieu qui a inspiré leur réflexion et leur créativité. Mais qui a également été le théâtre de tant d’échanges et de partages, comme l’explique Anne-Laure Gestering :
« Il était clair pour nous que le semestre devait se terminer aux Tattes en présence des résidents et des personnes que nous avons croisées et rencontrées. D’autant plus que l’accueil a été superbe et chaleureux. (…) Le plus de temps nous avons passé sur place au Centre, le mieux nous avons pu comprendre le lieu et venir «agir» sur ce dernier ». La professeure ajoute:
« Cela a ouvert aux élèves une nouvelle perspective sur un champ d’action qu’ils n’avaient peut-être pas encore envisagé. Nous avons appris plein de choses au contact de l’Hospice général et on espère que cela était réciproque. »
Si la HEAD a pu avec succès lier l’exercice pédagogique à la réalité, l’expérience a aussi permis à l’Hospice général, de se nourrir d’une expertise et d’un point de vue extérieurs.
Projet encadré à la HEAD par Anne-Laure Gestering avec Alice Dunoyer et Aurélie Monet-Kasisi.
Photos : © HEAD – Genève