De l'exil à l'innovation : un réfugié d’Ukraine enseigne la robotique aux enfants à Genève
Le 24 février 2022, quand la guerre éclate en Ukraine, Vitalii se trouve à Genève. Ce ressortissant ukrainien – qui est en déplacement au bout du lac pour raisons professionnelles – décide alors de ne pas rentrer au pays.
La guerre en Ukraine
Depuis 2018, le trentenaire est responsable de toutes les antennes francophones de la Next Academy, une entreprise ukrainienne qui propose aux enfants des cours de robotique et d’intelligence artificielle dans plusieurs pays européens. Dans un premier temps, il tente de maintenir à flot les antennes suisses (Genève, Montreux, Lausanne, Bâle et Zurich) de la société. Mais ses financements, qui proviennent en grande majorité d’Ukraine, sont coupés un à un en raison du conflit. La mort dans l’âme, Vitalii doit finalement se résoudre à mettre l’entreprise en liquidation.
Dans le même temps, il demande le soutien de notre institution et obtient une place dans un centre d’hébergement collectif à Genève.
Next Academy : d’une entreprise à une association
Pudique, il évite de s’étendre sur cette période difficile de sa vie et préfère parler de la manière dont il a rebondi professionnellement : « Au bout de quelque temps, je me suis dit que ce serait une bonne idée de transformer l’entreprise en association. » Petit à petit, Vitalii renoue ainsi des liens avec d’anciens partenaires et crée même de nouvelles collaborations : « Nous travaillons notamment avec des écoles publiques et privées, All special Kids (ASK), le Bureau d’intégration et de la citoyenneté (BIC) et l’Hospice général. Cela fonctionne bien. » A tel point que Vitalii, qui s’engageait bénévolement depuis presque deux ans, peut à nouveau se verser un salaire. Ce qui reste une fois les frais de fonctionnement réglés est destiné à la reconstruction d’écoles en Ukraine.
Des cours de robotique et de codage pour les enfants
Passionné par tout ce qui touche aux nouvelles technologies et à la pédagogie moderne, le jeune entrepreneur est persuadé que l’intelligence artificielle est l’avenir de l’éducation. « Les perspectives qu’offre l’intelligence artificielle semblent sans limites. Avec Next Academy, mes collègues et moi, on voudrait rendre le secteur de l’éducation plus flexible et personnalisé. » Ils proposent ainsi des programmes adaptés aux connaissances et aux envies de chaque enfant. 25 jeunes suivent actuellement les ateliers de l’association donnés les mercredis et samedis. A l’image de Neva (9 ans), son petit frère Eyan (5 ans), Luca (13 ans) et Jonathan (8 ans). Les quatre enfants se trouvent tous derrière un ordinateur mais Usama, enseignant en informatique et vice-président de la Next Academy, adapte son cours à leurs connaissances et leurs intérêts du moment, passant voir chaque élève pour répondre à ses questions et l'aider à avancer dans son projet.
Un programme adapté et personnalisé
Luca est un habitué. A l’initiative de son père mais aussi par intérêt personnel, l’adolescent est présent tous les mercredis après-midi pour étudier le script et le codage. A l’avenir, il se destine à une carrière d’architecte ou d'ingénieur. C’est aussi le cas de Neva et d’Eyan. Seule fille présente ce jour-là, Neva s’essaie à la modélisation 3D tout en aidant son frère lorsqu’il rencontre des difficultés. Très vite, le petit garçon préfère s’amuser avec un robot qu’il a construit avec son formateur. Usama nous explique que la machine fonctionne comme une sorte de lance-pierre mais avec de petites balles en plastique sans danger. Quant à Jonathan, il s’attelle ce jour-là à la création du tarmac d’un aéroport, qui constituera le décor d’un jeu vidéo.
Des camps pour les enfants et adolescents réfugiés et requérants d’asile
Durant toutes les vacances scolaires, Next Academy met par ailleurs sur pied des camps de robotique qui sont également ouverts aux enfants réfugiés et requérants d’asile, favorisant ainsi une mixité sociale et culturelle. Plus structurés que les cours hebdomadaires, ces camps durent minimum une semaine et proposent aux participant-es de s’initier aux disciplines suivantes : modélisation 3D, création de jeux vidéo, codage, impression 3D. Lors du camp d’été 2024, une trentaine de jeunes des centres Modulis, Lancy et Rigot ont ainsi pris part aux cours de la Next Academy.
De l’exil à l’innovation, le chemin vers l'intégration ne semble plus si long.