Retour 27 juin 2024

« Au printemps de sa vie, il faut savoir saisir sa chance ! »

Dans son pays natal, l’Afghanistan, Isa Amiri est allé à l’école jusqu’à l’âge de 14 ans. En dépit de ce bagage académique modeste, il a accompli un parcours remarquable en Suisse où il est arrivé à l’âge de 20 ans. Avec un CFC d’employé de commerce en poche, il travaille comme commis administratif dans notre institution, dans le département de l’Aide aux migrants. Isa est de nature modeste, mais cela ne l’empêche pas d’être très populaire parmi ses collègues. Accolades et mots gentils fleurissent au fil du chemin que nous parcourons dans le grand bâtiment administratif de Louis-Casaï à la recherche d’un lieu propice pour la petite séance photo.

Peux-tu me parler de ton arrivée en Suisse ?
Isa Amiri (I.A.) : « Ma famille et moi avons quitté l’Afghanistan quand j’avais 15 ans pour nous installer en Iran. Comme nous n’avions pas de permis de séjour, je ne pouvais pas aller à l’école. Je travaillais dans les jardins ou les restaurants et je suivais des cours d’anglais le soir. Sans statut légal, je n’avais pas d’avenir en Iran. J’ai décidé de venir en Suisse parce que c’est un pays neutre et qui respecte les droits de l’homme. Je suis parti en octobre 2015. Le voyage a duré 15 jours. Je savais que je ne devais pas déposer de demande d’asile en chemin. Je suis arrivé au centre fédéral pour requérants d’asile (CFA) de Kreuzlingen et j’ai été attribué au canton de Genève. Je n’ai pas eu tout de suite accès aux cours de français de l’Hospice général, alors j’ai saisi toutes les autres opportunités : j’ai fréquenté les bibliothèques, les cours de français donnés à la Roseraie et dans les parcs. J’ai ensuite pu me rendre au centre de formation de l’Hospice général (CEFED) où j’ai intégré une classe de niveau intermédiaire. J’ai eu par la suite la possibilité de faire plusieurs stages, en commençant par 6 mois au CEFED à la réception.»

Tu as donc très vite eu une expérience professionnelle ?
I.A. : « Oui, en effet ! J’ai été très bien accompagné par mon assistante sociale, Audrey Zbinden. Après ma première expérience au CEFED, j’ai fait un stage au CSP puis à Genèveroule. Toutes ces expériences m’ont permis de comprendre comment fonctionne le marché du travail genevois. J’ai enchaîné avec un certificat fédéral de capacité (CFC) d’employé de commerce en dual, avec deux jours à l’école et trois jours en entreprise chez DGM Veron Grauer SA. Ma bourse d’étudiant et mon salaire d’apprenti m’ont permis de devenir financièrement indépendant de l’Hospice général. En 2020, j’ai pu faire une demande de permis B en 2020 et j’ai obtenu une décision favorable en 2021.»

Tu es arrivé en Suisse avec peu d’années de scolarité derrière toi. Quel est le secret de ta réussite ?
I.A. : « Le simple fait de suivre des cours d’anglais m’a permis de rester connecté à un processus d’apprentissage. J’ai toujours tiré le maximum du minimum dont je disposais. Mais surtout, je me suis beaucoup investi dans mes études. Ces années ont été très stressantes : je ne savais pas si j’allais décrocher mon CFC et mon avenir en Suisse était toujours incertain car j’avais un permis F admission provisoire. J’ai été très soutenu par mes enseignants et l’équipe de DGM Veron Grauer SA. Je dis toujours que pour tracer sa route telle qu’on l’a imaginée, il faut de la patience et beaucoup travailler, mais c’est faisable. Au printemps de sa vie, il faut savoir saisir sa chance.»

Tu travailles aujourd’hui comme commis administratif à l’Aide aux migrants. Quel regard portes-tu sur ton travail ?
I.A. : « Je croise parfois les collègues qui m’ont si bien accueilli lorsque je suis arrivé à Genève comme requérant d’asile, cela me touche beaucoup. Aujourd’hui, je suis « de l’autre côté » et c’est un honneur de travailler pour une institution qui m’a énormément aidé. J’effectue différentes démarches administratives pour des bénéficiaires qui se présentent à la réception. Je sais ce qu’ils vivent, je connais les difficultés auxquelles ils sont confrontés et je suis heureux de pouvoir les aider. »

Côté vie privée
En février 2024, Isa est allé chercher sa fiancée qui était en Iran.
Pour qu’elle puisse entrer en Suisse, ils ont dû se rendre en Afghanistan où Isa n’était pas retourné depuis son adolescence. Les autorités ont remis à sa fiancée un visa pour le Pakistan. Ils se sont présentés à l’ambassade suisse d’Islamabad qui lui a délivré un visa pour la Suisse et depuis le mois de mars 2024, Isa et sa fiancée sont enfin réunis sous un même toit à Genève.

Et aussi…

L’engagement d’Isa envers la collectivité ne s’arrête pas à ses activités à l’Hospice général. Il s’est engagé comme pompier volontaire auprès de la Ville de Genève.

Permanence administrative hors murs
Les commis administratifs reçoivent les bénéficiaires au centre administratif de Louis-Casaï tous les matins en permanence administrative pour un soutien ou un accompagnement dans les démarches administratives. Ces prestations font parties intégrantes de la philosophie de l’accueil à Louis-Casaï.

Un projet pilote d’une permanence administrative hors murs a été mis en place au centre d’hébergement collectif (CHC) de la Seymaz. Ce pilote a permis de répondre aux besoins des bénéficiaires directement sur place. L’expérience a été concluante. Elle se poursuit donc au CHC de la Seymaz et va être déployée auprès de trois autres CHC (Bois-de-Bay, Anières et Le Lagnon).


 

Isa Amiri