En mai dernier, alors que la plupart des lieux de l’Hospice général entraient dans la deuxième phase de déconfinement, le centre d’action sociale (CAS) des Grottes faisait figure d’exception. La raison : sa réception est située au cœur d’un EMS. Il a donc fallu trouver une solution pour préserver la santé de toutes et tous en continuant à délivrer les prestations aux bénéficiaires. Rencontre avec Laurence (responsable d’unité), Anne-Marie (secrétaire sociale), Nicole (assistante sociale), Jérôme et Alexandre (assistants sociaux).
Comment vous êtes-vous organisés pour travailler durant cette période particulière ?
Laurence : Les choses se sont faites assez naturellement. J’ai la chance d’avoir une équipe très soudée qui communique beaucoup. Au début du confinement, nous avons créé un groupe WhatsApp et j’appelais mes collaborateurs chaque jour pour garder le lien. C’était vraiment mon souci premier. Quand il a été question de revenir au CAS, les choses se sont faites plus lentement. Nous avons réorganisé l’espace, le flux et le nombre de visites, afin de ne pas mettre en danger les résidents de l’EMS Fort-Barreau, confiné de la mi-mars à début juin et qui n’a eu à déplorer aucun cas de covid-19. Ainsi, la réception a été déplacée dans l’un des bureaux, la présence des collaborateurs et les rendez-vous sur place sont limités et l’entrée se fait provisoirement via les locaux de l’IMAD.
Quelles ont été vos difficultés pendant cette phase de semi-confinement et donc de télétravail forcé ?
Alexandre : Les moments d’échanges spontanés avec les collègues m’ont manqué ! Cette période s’est révélée stressante : il y avait beaucoup de nouveaux dossiers à traiter, surtout en avril. Connaissant la situation difficile que vivaient les bénéficiaires, on n’a pas compté nos heures. Du coup, on a réussi à ouvrir des dossiers en 48h, un temps record !
Jérôme : Je fais ce métier pour le contact avec les gens. Même s’il est pratique de passer des appels, la relation se joue aussi beaucoup dans le non verbal. Ce rapport direct m’a manqué mais, en définitive, mon regard sur le télétravail a changé.
Qu’avez-vous apprécié ?
Anne-Marie : Avec une collègue, j’ai passé des appels de courtoisie aux usagers. Il s’agissait de les contacter pour s’assurer qu’ils allaient bien. J’ai vécu des moments privilégiés avec ces personnes. Cette expérience m’a donné envie de m’investir à La Main Tendue quand je serai à la retraite.
Nicole : En tant qu’assistante sociale, mon travail consiste à être en lien avec les bénéficiaires. Je n’étais donc pas du tout intéressée par le télétravail. Mais, avec le confinement, j’ai été obligée de travailler depuis la maison et, en fait, cela a du bon : j’avais plus de marge de manœuvre pour organiser mon emploi du temps et j’ai été plus efficace. Les collègues n’étant plus à côté, j’ai aussi dû apprendre à me faire confiance.
Laurence : J’ai une jolie anecdote : un gestionnaire financier et administratif, résidant non loin d’un bénéficiaire qui ne répondait pas à nos appels, s’est porté volontaire pour aller sonner chez lui et voir s’il se portait bien. C’était le cas ; il n’avait simplement plus de crédit sur son téléphone mais a été touché par ce geste.
Avez-vous développé des nouvelles pratiques que vous conserverez ?
Jérôme : Oui. J’ai un exemple en particulier qui me vient à l’esprit. Je devais organiser un entretien pour un bénéficiaire. L’objectif était de tirer le bilan de son stage au Refuge de Darwyn avec son responsable d’activité de réinsertion, son médecin et son psychiatre. C’est toujours compliqué de trouver un créneau qui convienne à tout le monde, d’autant que je travaille à mi-temps. J’ai alors proposé de faire la séance en visioconférence et on a très rapidement pu se voir en ligne. C’est clairement une pratique que je conserverai.