#objectifinsertion
Dans le cadre de l’action de communication #Objectif insertion qui s’étend du 17 octobre au 13 novembre 2019, nous nous penchons chaque semaine sur une thématique liée à la réinsertion professionnelle. Après la cuisine, la culture et le sport, nous passons au bénévolat comme moyen d’intégration à Genève.
Les bénéficiaires de l’Hospice général ne restent jamais inactifs (stage, formation, etc.) et sont désireux, même lorsqu’ils sont soustraits longtemps du marché du travail pour cause de maladie, de garder un ancrage social et de se montrer utiles pour la collectivité. Certains n’hésitent pas, par exemple, à faire du bénévolat. C’est le cas de Laurent, qui partage avec plaisir son temps en compagnie de personnes âgées sous mandat de la Croix-Rouge genevoise.
Laurent travaillait comme spécialiste dans le montage de tableaux électriques et il adorait son métier. Des problèmes de santé sont venus compromettre momentanément puis durablement sa capacité de travail. Atteint de fibromyalgie, son cas n’a pas été reconnu par l’assurance invalidité et s’est retrouvé à émarger à l’aide sociale. Dans l’incapacité d’exercer une activité professionnelle, il n’en a pas moins ressenti le besoin de jouer un rôle dans le tissu social.
« Un jour, alors que j’étais hospitalisé et que j’aidais d’autres patients plus âgés, il m’est venu la révélation que j’aimais vraiment rendre service et également écouter les autres. Les personnes âgées ont beaucoup de vécu, de choses à raconter et ça me plaît. J’ai toujours entretenu de bons rapports avec elles. Aider les personnes âgées, voilà un bon objectif pour ne pas rentrer chez soi et se morfondre sur sa maladie. Je me suis rendu à la Croix-Rouge pour savoir comment proposer mon aide. »
Laurent se voit attribuer d’abord à « l’essai » une dame avec qui le contact passe immédiatement, puis ensuite une deuxième. La mission consiste à passer 2 heures au minimum par semaine à rendre visite, discuter et écouter. Les consignes sont claires. Se mettre au diapason des besoins de la personne, l’entendre sans jugement, respecter sa parole et ses décisions ou convictions. En même temps, il s’agit de prendre discrètement le pouls pour savoir si elle est en souffrance ou confrontée à des problèmes de santé. Lorsqu’il y a quelques motifs d’inquiétude, il faut en référer à la responsable de secteur de la Croix-Rouge.
« La relation, avec le temps, devient vraiment proche et on finit par ne plus se limiter aux 2 heures hebdomadaires, loin de là. Avec ma première personne âgée, on s’appelait souvent, elle pour me demander de passer un moment parce qu’elle avait le blues et moi, pour prendre de ses nouvelles. Je l’installais sur son fauteuil roulant et nous allions au café pour discuter en société. Sa famille avait une telle confiance en moi, que je possédais les clés de sa maison pour pouvoir intervenir au besoin. Un vendredi matin, sa fille m’a appelé pour me dire que maman s’en était allée ce matin avec Exit. J’ai reçu un véritable choc, car je l’avais vu la veille et qu’elle ne m’avait pas parlé de ses projets. Je n’ai pas pu lui dire au revoir. Elle était devenue un peu comme ma grand-mère. A la Croix-Rouge, ils m’avaient prévenu que des liens forts pouvaient se créer et que la séparation était difficile à vivre. J’ai, du reste, attendu un moment avant de me sentir prêt à reprendre quelqu’un. »
Laurent a toujours su fixer les bonnes limites et ne pas inviter la personne dans sa propre sphère privée, car son mandat est placé sous le sceau de la confidentialité. Il ne peut que recommander à toute personne souhaitant rendre service et vivre des expériences riches de prendre contact avec la Croix-Rouge, car ils sont toujours à la recherche de bénévoles.
« C’est valorisant. C’est une belle expérience. Ça leur fait du bien et ça me fait du bien parce-que c’est un partage. »