La vue est imprenable du haut de cet immeuble de l’écoquartier de la Jonction : depuis les coursives du dernier étage, on aperçoit la cathédrale Saint-Pierre, le Mont-Blanc, le Salève, la tour RTS… Presque tout Genève en un seul coup d’œil ! C’est ici que vivent Alex Simha et sa famille. Alex nous accueille dans son appartement pour discuter de son expérience de « coopérative d’accueil ».
Ancien éducateur, Alex est aujourd’hui formateur en travail social. Il a travaillé avec des requérant-es d’asile dans les années nonante, à une époque où ceux-ci étaient logés en abri PC. Alors, quand il a appris dans les médias qu’il était possible de loger des réfugié-es chez soi, il n’a pas hésité : « J’habite dans un immeuble géré en coopérative où il y a trois chambres d’amis. Ces espaces sont indépendants et peuvent accueillir jusqu’à trois personnes. Ils sont composés de deux ou trois lits ainsi que de sanitaires. Ils sont mis à disposition de tous les locataires quand des amis ou de la famille viennent en visite. Mon idée était de proposer deux ou trois de ces chambres à des ressortissants ukrainiens. »
Il en fait part au comité des habitant-es de l’immeuble. Heureux hasard : Michel, un autre locataire, s’est fait la même réflexion au même moment. Ils décident alors de créer un petit groupe de 7-8 personnes pour appuyer cette demande qui passe très facilement la rampe : « Je crois que 90% des gens ont voté pour la mise à disposition de deux chambres d’amis sur trois » souligne Alex. On est alors en avril 2022. La proposition une fois validée, il importe à présent de s’atteler à la tâche : « Il fallait notamment réaménager des espaces communs comme une des salles de jeux de l’immeuble pour en faire une cuisine-salle à manger et un coin salon. On a aussi acheté des réfrigérateurs et des cuisinières. »
Fin mai, deux familles originaires du Donbass - qui leur ont été adressées par Caritas - investissent les lieux. Elles étaient auparavant hébergées dans la Halle 7 de Palexpo. La première est une femme avec deux enfants en bas âge. La seconde est composée d’un couple et d’une adolescente. Alex est référent de la première famille, celle de Yulia : « Cela signifie que je lui écris pour prendre des nouvelles, je passe la voir de temps en temps mais le but n’est pas d’être intrusif. Ils savent qu’on est là, qu’ils peuvent s’adresser à nous en cas de besoin et on les laisse vivre le plus normalement possible. » Avant d’ajouter : « Cela dit, dans la coopérative, on organise des événements environ une fois par mois : grillades, apéros, goûters. On a donc souvent l’occasion de se croiser. »
Et comment font-ils pour communiquer ? « J’ai appris à faire des choses que je ne savais pas faire avec mon téléphone » sourit Alex. « On utilise essentiellement Google translate. Je parle dans le micro, l’application traduit et réciproquement. »
Le soleil commence à disparaître, il est temps de clore l’entretien : « Je suis heureux de pouvoir faire quelque chose de concret en tant que citoyen. Je suis privilégié et, pour moi, tout ce qu’on peut faire, il faut le faire. » conclut simplement Alex.