Retour 11 avr. 2023

Plongée dans les cours de français de notre centre de formation

Situé au 87, rue de Lyon, le centre de formation de l’Hospice général - CEFED pour les initié-es - occupe 4 étages du bâtiment, soit tout de même 1’500m2 ! Françoise, coordinatrice depuis maintenant 12 ans, nous fait faire le tour des locaux en nous communiquant quelques chiffres clés : 14 enseignant-es y travaillent du lundi au vendredi. L’équipe de formation dispose de 23 salles de classe et forme quotidiennement pas moins de 600 apprenant-es.
 

Sara et Françoise à la réception du centre de formation
Sara et Françoise à la réception du centre de formation


Avant que nous n’assistions aux cours, Françoise nous explique la méthode qu’elle a développée en collaboration avec son équipe. Elle a à cœur que les formations se déroulent dans un climat bienveillant et de confiance. Car, déclare-t-elle : « c’est important que les élèves aient envie de venir et d’apprendre. Le public que nous formons est issu de la migration. S’il a un peu changé avec l’arrivée des ressortissants ukrainiens qui sont souvent bien formés, il nous arrive de devoir commencer par enseigner aux personnes les codes de l’apprentissage. En d’autres termes, que les apprenants trouvent leur salle, viennent à l’heure, munis du matériel adéquat, etc. Et c’est seulement à ce stade qu’on peut réellement se lancer dans l’apprentissage du français. »

On poursuit notre tour du centre par une visite de la classe de Madjid. Celui-ci enseigne le français à l’Hospice général depuis 2017. Son public privilégié : les débutants primo-arrivants. Les consignes sont claires ; on laisse les téléphones portables, les stylos et les cahiers dans le sac à dos. Cela étant, le formateur s’adapte : « Il faut être humain. J’informe les élèves que, si leur situation est difficile (un proche malade, des parents restés dans une zone en conflit), ils peuvent si besoin passer un coup de fil pendant le cours. 
En cette semaine de rentrée, Madjid s’attaque à la leçon sur les boissons. L’objectif est de se concentrer sur l’oral, les sons, la prononciation. A l’aide d’images et avec force énergie et mouvements de bras, il fait répéter les mots aux 17 participant-es : le lait, l’eau, la bière, le vin, etc. Il m’explique en aparté qu’une classe compte normalement un maximum de 15 élèves. Les deux personnes supplémentaires du jour n’ont pas pu assister au cours du matin et rattrapent donc leur retard cet après-midi. 
Si l’espace est équipé de tables et de chaises, les participant-es sont souvent debout et en mouvement. A la demande du formateur, ils échangent avec leurs camarades, forment des groupes de discussion, se baladent dans la classe. C’est immersif (tous les échanges se déroulent en français), vivant et dynamique à l’image de l’enseignement de Madjid. Le temps passe vite et les rires fusent de toutes parts.
 

Debout et en mouvement !
Des cours en mouvement !


Après ce tourbillon d’énergie, direction le 2e étage. On tente d’entrer discrètement dans la classe de Guillaume. Une quinzaine d’apprenant-es y sont présent-es. Ce sont des personnes en difficulté d’apprentissage. Autrement dit, il s’agit de personnes issues de la migration qui résident à Genève depuis plusieurs années mais dont le niveau de français n’est pas encore jugé satisfaisant. Dans ce cours, Guillaume les prépare à la certification fide (fide pour français - Italiano - Deutsch mais qui signifie aussi «confiance» en latin) reconnue au niveau fédéral. 
Dans la classe, l’atmosphère est calme et appliquée ; on sent que les cerveaux turbinent à plein régime ! Le groupe vient de discuter d’une image figurant un pique-nique. C’est l’heure de la partie écrite. Les apprenant-es doivent répondre aux questions suivantes en formant des phrases :  Qui ? Quoi ? Où ? Comment ? Chacun-e propose une formulation pour décrire la scène. Lorsqu’une difficulté surgit, Guillaume s’empare d’une fiche explicative. D’ordinaire, ces fiches sont affichées sur les murs de la classe mais le formateur vient tout juste de prendre ses quartiers dans cette nouvelle salle. Il fouille donc dans ses fiches et brandit bien haut celle qui montre le son « ill ». « ill » comme « … » interroge-t-il ? « Grillades » s’exclame un apprenant ! « Charmilles » renchérit un autre. « Guillaume » s’enthousiasme un dernier, au grand plaisir de son enseignant.
 

"ill" comme Guillaume
"ill" comme Guillaume


Malgré la différence de tempérament des deux formateurs, ils partagent un amour certain de la transmission et une capacité impressionnante à motiver les apprenant-es. On croise les doigts en espérant que ceux-ci réussiront leur examen fide !
 

Deux apprenants
Deux apprenantes
Durant le cours de Guillaume
Durant le cours de Guillaume