Retour 28 mars 2024

Devenir entrepreneuse : un rêve qui devient réalité pour Rabaa Humam

Rabaa Humam a fui la guerre civile yéménite qui a éclaté dans son pays en 2015 et trouvé refuge en Suisse. Elle a cherché à s’y intégrer au plus vite. C’est ainsi qu’elle s’est engagée comme bénévole à la Croix-Rouge genevoise dès son arrivée. Aujourd’hui, elle est responsable du département de langue arabe de l’Université Populaire du Canton de Genève où elle a également une charge d’enseignement. Parallèlement à cette activité, elle se forme en vue de lancer sa propre entreprise, un rêve qu’elle caresse depuis longtemps. Nous la rencontrons en compagnie de sa conseillère en insertion professionnelle de l’Hospice général Isabelle Rosset.

Comment est né en vous l’esprit d’entreprise ?

Rabaa Humam : « Je suis titulaire d’un bachelor en sciences de l’éducation. Au Yémen, j’ai longtemps travaillé dans le domaine humanitaire. Puis j’ai été engagée par une entreprise maritime suédoise et c’est à ce moment-là que l’idée de lancer un projet personnel a germé. En 2022, j’ai perdu ma mère, son décès a été brutal et m’a beaucoup marquée car nous étions très proches. J’avais rendez-vous à ce moment-là avec mon assistant social, M. Benlmeh Amar. Il avait bien regardé mon dossier, il m’a dit « Vous pouvez aller plus loin ! ». Grâce à lui, mon dossier a été adressé au service d’insertion professionnelle (SIP) de l’Hospice général. J’étais triste, mais cette petite phrase est restée en moi. Deux domaines m’attiraient : la restauration et les cosmétiques. Pendant le semi-confinement, j’avais commencé à fabriquer des savons et je m’étais documentée à ce sujet. Ce domaine paraissait plus ouvert et c’est donc cette orientation que j’ai prise. Ma conseillère en insertion professionnelle de l’époque, Mme Anita Mirena, a cru en moi. »
Isabelle Rosset : « Comme elle est arrivée en 2015, Mme Humam ne bénéfice pas des mesures de l’Agenda intégration suisse (AIS). Celui-ci concerne en effet uniquement les personnes qui ont obtenu un permis B réfugié, F réfugié ou F admission provisoire à partir du 1er mai 2019. Mais mes collègues Anita et Benlmeh ont repéré que Mme Humam avait un réel potentiel à développer et c’est ainsi qu’elle a été adressée à SINGA*. J’ai pris le relai d’Anita qui a changé de poste et j’ai pu à mon tour constater la détermination de Mme Humam à poursuivre son projet que mon responsable a également validé. SINGA est une association qui propose des programmes adaptés aux personnes ayant une expérience de l’asile et de la migration et souhaitant monter leur propre entreprise. »

Que vous apporte cette formation ?
Rabaa Humam : « Je suis vraiment très heureuse de bénéficier de cette formation. Je ne connais ni le marché suisse, ni le cadre légal qui encadre ce type d’activité et j’ai à cœur de faire les choses dans les règles. La formation est relativement courte (6 à 7 mois), très claire, complète. Je suis en contact avec des experts et des mentors. »

Isabelle Rosset : « Mme Humam ne vous a pas dit que SINGA lui avait décerné un prix ! »
Rabaa Humam : « J’étais dans une volée de dix personnes. Pendant la formation, j'ai consacré beaucoup de temps à développer mon projet. J'ai également suivi un cours sur la fabrication de produits cosmétiques naturels et j'ai créé divers produits.  SINGA m’a décerné ce prix pour le chemin que j’ai parcouru. La somme de CHF 5'000.- que j’ai reçue est intégralement investie dans mon projet. Pour l’instant, elle me sert à faire homologuer mes trois produits phares : un savon, une huile et une crème. J’ai une chance énorme car beaucoup de personnes autour de moi m’aident et m’offrent leurs compétences. »

Quelle sera le nom de votre marque de cosmétiques ?
Rabaa Humam : «  NOURY. C’était le prénom de ma mère. En arabe, cela veut dire lumière. »


Entretien réalisé le 22 février 2024

* Voir aussi l’émission Forum de la RTS.

Photo : de gauche à droite, Rabaa Humam et Isabelle Rosset

Rabaa Humam et Isabelle Rosset